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Création musicale : l’État et les collectivités territoriales doivent travailler de concert

Fruits de la décentralisation culturelle, nombre de structures participant de la création musicale – tant en production qu’en diffusion – sont à la fois financées par l’État et les collectivités territoriales. Ces dernières semaines ont montré une nouvelle fois que l’absence de dialogue conduit à une extrême fragilisation de structures vitales aux compositrices et compositeurs de musique contemporaine. Dans ce contexte, le SMC appelle toutes les parties prenantes à prendre leurs responsabilités.

Les dernières semaines ont mis en exergue la nécessaire coopération entre l’État et les collectivités territoriales pour maintenir à flots un réseau culturel déjà précarisé.
Dans le réseau des scènes nationales, le seul festival dédié aux musiques de création – « Aujourd’hui musiques » au Théâtre l’Archipel de Perpignan – est aujourd’hui menacé, après 20 années d’existence sous la direction de Jackie Surjus-Collet. Aucun différend ne saurait fragiliser la présence – déjà trop peu importante – de la musique contemporaine dans le réseau des lieux pluridisciplinaires : un tel festival se doit de perdurer et devrait, bien au contraire, être développé dans d’autres scènes nationales.
D’autre part, les compositrices et compositeurs de musique contemporaine gardent à l’esprit qu’en 2022, le retrait de la ville de Nice et des collectivités territoriales a conduit à la fermeture du Centre international de recherche musicale (Cirm), un des huit centres nationaux de création musicale. Les menaces qui pèsent actuellement sur le Grame à Lyon, avec une importante baisse des subventions municipales et régionales, – comme nombre de structures rhônalpines –, continue d’affaiblir ce label, qui reste l’un des moins bien financés du ministère de la Culture et qui ne compte en 2023 plus que sept structures.
Enfin, les difficultés budgétaires des opéras et orchestres compromettent grandement la place des œuvres de création dans ces lieux structurants de l’activité musicale française, où les compositrices et compositeurs sont déjà invisibilisé·es.
Dans tous ces cas, une résolution rapide des conflits entre État et collectivités territoriales est impérative pour la situation de la musique contemporaine en France.

L’ancrage de la création musicale sur les territoires s’inscrit dans des modalités et des temporalités très différentes :

Financer une structure dédiée à la création musicale, c’est donc participer au rayonnement d’un territoire dépassant frontières nationales, sans restreindre une proposition artistique à un périmètre limité. C’est également accepter d’inscrire une politique culturelle dans le temps long de l’Histoire, au-delà de l’immédiateté des retombées. Sans remettre en cause la libre administration des collectivités territoriales, il est nécessaire de mettre en perspective leurs actions dans une vie culturelle qui surpasse souvent largement leur territoire.
En tant que démarche prospective, comme toute autre activité de recherche, la musique contemporaine est essentielle à la vitalité de toutes les pratiques culturelles et de la filière musicale dans son ensemble. Le politique doit donc plus que jamais s’emparer de cette question indépendamment de toute considération partisane ou idéologique.

Le SMC appelle l’État et les collectivités à relancer un dialogue vital sans lequel il n’est pas de politique culturelle possible, construite avec les compositrices et compositeurs, pour assurer la présence de la création musicale sur l’ensemble du territoire. Les synergies que nous appelons de nos vœux est le garant d’un rayonnement culturel, d’une vie publique dynamique ainsi que de la pérennité du secteur musical français.

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