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La création musicale plus que jamais menacée

Les décisions de crise et d’austérité politique menacent plus que jamais les conditions d’existence de la culture. Dans le secteur musical, les compositrices et compositeurs de musique contemporaine sont directement atteint·es. Pourtant, la France aurait tort de ne pas faire valoir son rayonnement culturel dans le monde entier. Pour être à la hauteur des enjeux, le SMC appelle l’État à prendre quatre mesures d’urgence pour la sauvegarde de la création et, à terme, de sa filière musicale.

Une crise sans précédent

Avec la fin de la pandémie de Covid et le début d’une crise européenne entre guerre, inflation et crise énergétique, le monde de la création artistique se trouve de nouveau en très grande difficulté : diminution des aides publiques, annulation de représentations, fermetures des scènes et des lieux de création … pas un jour ne passe sans que la culture ne soit mise à mal.

Le milieu musical est particulièrement touché et aucune institution – orchestres, opéras, centres nationaux de création musicale (CNCM), ensembles, compagnies, festivals, etc. – n’est épargnée.
Les dommages faits aux structures « classiques » – à l’instar des opéras de Lyon, Strasbourg, Rouen ou Montpellier – se répercutent mécaniquement sur l’accès à la création musicale, à contre-courant, par exemple, des récentes annonces stratégiques du Met à New York.
Le réseau des CNCM, qui devrait être le point nodal de l’écosystème de la création musicale sur le territoire, est en train d’être démantelé : le centre de Nice (Cirm) vient de fermer ses portes et celui de Lyon (Grame) voit sa subvention municipale amputée de 40 %.

Entre course aux économies et nécessité des recettes, les commandes d’œuvres disparaissent des budgets et les œuvres les plus récentes sont éclipsées des programmations, au profit d’un répertoire plus connu du public. Or les compositrices et compositeurs de musique contemporaine dépendent d’abord de la rémunération liée à la conception de leurs œuvres, plutôt qu’aux revenus de leur exploitation.
Si l’emploi artistique dans le spectacle vivant est finement observé – avec des interprètes qui bénéficient de la visibilité de la scène –, les artistes-auteurs déjà dans l’ombre sont bien les premières victimes de cette crise. En effet, sans suppression de postes quantifiables et « médiatisables », beaucoup – déjà précarisé·es et sans assurance chômage – voient leur activité se réduire jour après jour, jusqu’à disparaître totalement, malgré des formations longues et de haut niveau.

Un enjeu historique à relever

L’enjeu à relever est historique : si les institutions culturelles – notamment opéras et orchestres –, ne sont plus en mesure de tenir leurs missions de création musicale et de renouveler les œuvres et les publics, alors elles perdent leur raison d’être et leur existence est condamnée à court terme, de manière irréversible. Au contraire, face aux mutations considérables de l’époque, notre société a plus que jamais besoin de la continuité historique de sa musique écrite, en ne la cantonnant pas au passé et en regardant vers l’avenir.
En termes de rayonnement culturel, la France a une place essentielle à jouer sur le continent européen : les compositrices et compositeurs du monde entier y viennent pour étudier et participer à la vie culturelle. D’autres pays (États-Unis, Chine, etc.) ont déjà saisi l’importance de ce soft power et la France ne doit pas y renoncer pour elle-même.
En outre, si elle n’est pas le moteur économique de l’industrie musicale, la musique contemporaine n’en est pas moins son moteur culturel, en la nourrissant par sa recherche et sa création. La négliger aujourd’hui, c’est hypothéquer l’avenir de la filière musicale pour les prochaines décennies.

Le rôle incontournable des pouvoirs publics

C’est justement parce que son objet n’est ni la rentabilité ni le profit que la musique contemporaine, au même titre que la recherche scientifique, a besoin d’un financement public. La France est d’ailleurs tenue de respecter les différents engagements de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’Unesco, qu’elle a ratifiée en 2006.
Dès lors, les pouvoirs publics doivent saisir que la richesse de la création musicale repose d’abord sur ses artistes-auteurs, qui sont autant de points de départ d’une culture populaire et exigeante, qui participe à la vitalité de la démocratie et du lien social.

Les crises actuelles viennent à cet endroit affaiblir un secteur extrêmement fragile depuis de nombreuses années : le label CNCM est l’un des moins bien dotés du ministère de la Culture, la place de la musique contemporaine dans l’espace audiovisuel est quasi-inexistante et les aides directes aux compositrices et compositeurs ne représentent que 0,5 % de l’ensemble des crédits d’intervention dédiés à la musique dans le projet de loi de finances 2023.
De surcroît, le Centre national de la musique est contraint, par manque de financement, de restreindre ses aides autour de critères liés à des modèles économiques qui ne recouvrent pas la diversité musicale dans son ensemble.
Après plus de vingt ans de politiques publiques austères, les choix budgétaires des collectivités ces derniers mois ont des conséquences dramatiques au plan national sur les missions publiques de création, de médiation et d’éducation.


Aujourd’hui, l’urgence est à l’action pour soutenir l’émergence d’œuvres nouvelles et par là même continuer d’écrire une histoire musicale. Face à la gravité de la situation, l’État et en premier lieu le ministère de la Culture doit répondre présent dans les prochains jours via quatre mesures fortes :

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