Retour aux contributions

Contribution commune aux concertations sur la fiscalité des artistes-auteurs

Dans le cadre des concertations organisées par le ministère de la Culture suite aux travaux de la mission fiscalité, des organisations représentantes des artistes-auteurs demandent une position sans ambiguïté de la direction de la Législation fiscale concernant la nouvelle rédaction de la notice 2041 GJ en regard avec l'article 93-1 quater du code général des impôts et les règles de facturation.

Le régime déclaratif spécial TS (traitements et salaires) instauré par l'article 93-1 quater du code général des impôts date de la loi de finance rectificative du 21 décembre 1973. À l'origine, ce régime déclaratif était réservé aux écrivains et compositeurs (bien que tous les artistes-auteurs perçoivent des droits d'auteur…). Suite notamment au redressement fiscal du dessinateur Albert Uderzo, il a été élargi à tous les artistes-auteurs par la loi du 28 décembre 2011.

L'article 241 du CGI désigne les tiers déclarants visés par l'article 93-1 quater :
« Les entreprises, sociétés ou associations qui procèdent à l'encaissement et au versement des droits d'auteur ou d'inventeur sont tenues de déclarer, dans les conditions prévues aux articles 87, 87A, 89 et 89A, le montant des sommes qu'elles versent à leurs membres ou à leurs mandants. ». Sont visés les OGC, les éditeurs et les producteurs mais ils ne sont pas mentionnés explicitement.

L'assujettissement des droits d'auteur à la TVA date du 1er octobre 1991. Les EPO (éditeurs, producteurs, organismes de gestion collective) ont l'obligation légale de retenir la TVA à la source (sauf renoncement express de l'artiste-auteur). Cette fois l'article 285 bis du CGI vise explicitement les EPO : « Les éditeurs, organismes de gestion collective de droits et les producteurs qui versent des droits mentionnés au 2 du III de l'article 293 B doivent, sauf lorsque l'auteur a renoncé à ce dispositif en application du 3, retenir sur le montant de ces droits la taxe sur la valeur ajoutée due par l'auteur et acquitter cette taxe au Trésor. »

Ainsi, les écrivains et les compositeurs se trouvent depuis longtemps dans un régime déclaratif dérogatoire mais obligatoire sauf option expresse BNC (bénéfices non-commerceiaux). Or leurs revenus, comme ceux de tous les autres artistes-auteurs, ne sont pas toujours exclusivement des droits d'auteur versés par des EPO. Mais ces artistes-auteurs n'ont pas toujours été clairement informés des règles applicables, ni de la possibilité de déclarer en BNC, ni des tenants et aboutissants de ces deux régimes déclaratifs.

Le régime de l'évaluation administrative des bénéfices (micro-BNC, frais forfaitaires, versus « déclaration contrôlée », frais réels) est postérieur au régime TS, il a notamment été précisé en 1999.

Le régime déclaratif spécial micro-BNC a beaucoup évolué dans le temps. Contrairement au régime TS qui n'a fait que modifier en 2011 les « bénéficiaires » mais sans en tirer clairement toutes les conséquences pour les artistes-auteurs, notamment sur les règles d'imposition de leurs revenus qui sont souvent diversifiés (c'est-à-dire que nos revenus ne sont pas toujours constitués exclusivement de droits d'auteur, ni de droits d'auteur versés exclusivement par des EPO) et sur l'articulation entre les deux régimes déclaratifs (TS et BNC).

Nous savons que nous sommes des travailleurs non-salariés.
Nous avons compris que nos revenus sont par nature des BNC professionnels, même quand ils sont déclarés en TS. Nous avons compris que la dérogation TS est fondée sur le fait qu'il s'agit de droits d'auteur déclarés aux impôts par des tiers (comme le sont les salaires qui sont déclarés aux impôts par les employeurs) et que la TVA est obligatoirement retenue à la source par ces tiers (sauf si nous décidons d'y renoncer et de gérer nous-même la TVA).

Nous demandons que soit levée toute insécurité juridique.

Aujourd'hui notre première demande est celle d'une clarification du droit existant

À cet égard, vous trouverez en pièce-jointe nos propositions de modifications de la rédaction de la notice d'accompagnement du formulaire 2042 actuellement rempli par tous les déclarants en TS.

Il importe que tous les artistes-auteurs sachent enfin les revenus qu'ils peuvent ou non déclarer sur le formulaire 2042 et ceux qu'ils doivent déclarer sur le formulaire 2042C pro.

Les EPO encaissent et répartissent nos droits d'auteur, puis nous communiquent un décompte de droits. Ainsi nous n'avons pas besoin d'émettre de facture pour percevoir ces rémunérations (qui sont, sauf option BNC, précomptées socialement et prélevées à la source de TVA, sauf renonciation expresse).

En revanche, nos autres partenaires économiques n'encaissent pas de droits d'auteur pour notre compte, ils ont au contraire besoin de factures de notre part pour nous verser la rémunération convenue. Jusqu'ici une partie d'entre nous (déclarants uniquement en TS) émettait des « notes d'auteur » sans numéro de SIRET et sans numéro de TVA mais mentionnant un précompte social et éventuellement un taux de TVA. Ce document est loin d'être facile à établir. Nous ne savons pas toujours exactement quels taux de cotisations sociales et quel taux de TVA nous devons appliquer. Les taux et les seuils varient. Parfois ce sont nos commanditaires eux-mêmes qui établissent ces « notes d'auteur » et nous demandent de les signer. Mais là encore, nous ne sommes pas toujours en mesure de vérifier l'exactitude des calculs qu'ils effectuent. De plus, nous n'avons aucune garantie que le précompte social qui est alors soustrait à notre rémunération soit effectivement versé à l'Urssaf Limousin et nous avons beaucoup de difficultés à obtenir nos certificats de précompte.

Aujourd'hui nous avons besoin de savoir si ces pratiques sont légales ou non ?
Est-il légalement possible d'établir des factures sans avoir au préalable déclaré son activité d'artiste-auteur donc sans disposer d'un numéro de SIRET et d'un numéro de TVA intracommunautaire ? Peut-on obliger un partenaire économique à effectuer et verser un précompte social à l'Urssaf ?

NB : actuellement divers services comptables refusent nos « notes d'auteur » et nous demandent des factures avec SIRET…
De plus, depuis le 1er janvier 2020, il est obligatoire de passer par le portail Chorus pour se faire payer par les structures publiques. Comment faire sans numéro de SIRET ?

Parallèlement, les factures normales que pratiquent ceux d'entre nous qui ont un numéro de SIRET sont visiblement plus simples à établir. Il suffit de porter sur la facture la mention « TVA non applicable – article 293 B du CGI » ou de connaître le taux de TVA applicable si nous avons des revenus qui dépassent le seuil de la franchise.

Dans ce contexte très particulier, nous demandons qu'il n'y ait aucune pénalisation des artistes-auteurs qui auraient mal appliqué le droit existant tant en matière de déclaration à l'impôt sur le revenu qu'en matière de facturation. Nous demandons également que cette tempérance perdure le temps d'informer les personnes concernées.

Deux premières demandes d'évolution du droit existant

Co-signataires

Contribution à télécharger [ PDF ]