Le SMC dénonce le remplacement du dispositif DICRéAM du Centre national du cinéma et de l’image animée par un fonds d’aide à la création immersive. En réduisant autant le champs des œuvres soutenues, le CNC délaisse les formes émergentes et tend à confondre la création artistique avec un marché économique.
Depuis 2001, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a soutenu le secteur de la création – notamment musicale – par le truchement du Dispositif pour la création artistique multimédia et numérique (DICRéAM), composé d’aides au développement, à la production et à la diffusion.
La première était une aide directe aux artistes-auteurs et nombre de compositrices et compositeurs de musique contemporaine ont bénéficié de ce dispositif depuis plus de vingt ans pour développer des œuvres incluant des dispositifs technologiques et multimédias.
Le DICRéAM a également soutenu ces projets à forte composante musicale, pendant leur production et leur diffusion. Ce dispositif a constitué un soutien essentiel aux formes émergentes et aux dynamiques d’expérimentation et de spéculation sur l’élaboration de langages musicaux liés à la technologie et à l’expérience pluridisciplinaire.
À l’été 2022, le DICRéAM a été remplacé par le fonds d’aide à la création immersive. Si celui-ci comporte bien un volet d’aide à l’écriture destiné aux artistes-auteurs, ce nouveau dispositif unique ne vise que les « créations audiovisuelles qui proposent une expérience de visionnage dynamique liée au déplacement du regard et/ou à l’activation de contenus visuels ou sonores par le spectateur, faisant notamment appel aux technologies dites de réalité virtuelle ou augmentée ou tout autre dispositif permettant l’immersion. »
En réduisant autant le champs des œuvres soutenues, le CNC écarte de facto tout un pan de la création des politiques publiques, ce que le SMC dénonce vivement.
Le développement de formes artistiques sur le Web3 et sur le métavers ne doit pas l’être au détriment des multiples aspects que prend la création multimédia et numérique, notamment dans domaine du spectacle vivant. La politique publique devrait soutenir cette diversité créatrice majoritairement portée par des structures à but non-lucratif et non des entreprises répondant à des logiques économiques.
Signe du glissement à l’œuvre, la seule personnalité qualifiée représentant le milieu musical dans la commission d’attribution de l’aide n’émane plus du milieu de la création mais de celui de l’industrie musicale.
Le SMC demande à ce qu’un dispositif d’aide soit remis en place de toute urgence pour les œuvres entrant jusqu’ici dans le périmètre du DICRéAM, afin de permettre aux formes musicales spectaculaires incluant pluridisciplinarité, multimédia et numérique – pourtant recherchées par nombre d’institutions – de continuer d’exister.
Les politiques publiques ne peuvent en aucun cas réduire leur soutien à la création artistique en annihilant le champs des possibles et en les conditionnant in fine à des logiques de rentabilité immédiate.